SFjRO Veille bibliographique N°18 - Octobre 2015

Voici la dix-huitième édition de notre veille bibliographique!

Dans cette édition, vous retrouverez les résumés suivants :

- Curiethérapie HDR pour les cancers de prostate localisés : résultats à 10 ans, soumis par Mathilde Cervellera de Reims,

- Essai randomisé de phase III de l’Agence internationale de l’Energie Atomique sur la prise en charge initiale par radiothérapie des glioblastomes multiformes nouvellement diagnostiqués chez des patients âgés et/ou fragiles, soumis par Hosni Popotte de Caen,

- Cartographie des sites d’envahissement ganglionnaires supra-claviculaires ipsilatérales dans le cancer du sein: Repenser les volumes cibles anatomo-clinique pour les patientes à haut risque, soumis par Alexis Lepinoy de Dijon,

- Traitement locorégional versus pas de traitement de la tumeur primitive dans les cancers du sein métastatiques : un essai contrôlé randomisé , soumis par Kim Cao de Paris,

- Facteurs prédictifs de récidive biologique des cancers prostatiques pT3b après prostatectomie radicale et sans radiothérapie adjuvante, soumis par Sarah Molina de Poitiers

Tous les membres de la SFjRO sont invités à participer à cette veille. Vous pouvez proposer vos résumés à l'adresse contact@sfjro.fr. Pour que votre travail soit accepté, il doit être rédigé en respectant la charte éditée par la SFjRO qui se trouve à cette adresse.

Bonne lecture!

Alexandre

PROSTATE

High-Dose-Rate Monotherapy for Localized Prostate Cancer: 10-Year Results.

Curiethérapie HDR pour les cancers de prostate localisés : résultats à 10 ans.

Int J Radiat Oncol Biol Phys, Aout 2015

Hauswald H, et al.

Auteur du résumé : Mathilde CERVELLERA

Contexte : La curiethérapie HDR était utilisée à l’origine en complément de la radiothérapie externe pour augmenter la dose reçue par la prostate tout en épargnant le rectum et la vessie. Plusieurs études ont rapporté son efficacité et sa faisabilité. La curiethérapie HDR est utilisée ici en monothérapie pour les cas ne nécessitant pas de traitement des aires ganglionnaires.

Méthodes : Une étude prospective a été conduite chez 448 patients atteints d’un cancer de prostate à bas risque (n=288) ou à risque intermédiaire (n=160) traités entre 1996 et 2009. L’âge médian était de 64 ans (42-90). Le taux de PSA médian était de 6.0 ng/ml (0.2-18.2). Le score de Gleason était ≤6 dans 76% des cas et de 7 dans 24% des cas. La dose médiane prescrite était de 43.5 Gy en 6 fractions. Les taux de contrôle cliniques et biochimiques ont été calculés. Les effets indésirables étaient côtés selon la classification CTCAE.

Résultats : La duréee de suivi médiane était de 6.5 années (0.3-15.3). La survie sans progression du PSA était de 98.6% (IC95% (96.9%-99.4%)) à 6 ans et 97.8% (IC95% (95.5%-98.9%)) à 10 ans. La survie globale à 10 ans était de 76.7% (IC95% (69.9%-82.2%)). Le contrôle local, la survie sans métastases et la survie spécifique étaient respectivement de 99.7% (IC95% (97.9%-99.9%)), 98.9% (IC95% (96.3%-99.7%)), and 99.1% (IC95% (95.8%-99.8%)). Le stade T, le taux de PSA initial, le score de Gleason, le groupe de risque, l’âge du patient et l’hormonothérapie n’étaient pas corrélés au contrôle ou à la survie. Aucune toxicité rectale tardive de grade 3 ou 4 n’a été rapportée. Une toxicité génito-urinaire tardive de grade 3 à 4 a été observée dans 4.9% des cas (grade 3 : 4.7%).

Implication pour la pratique clinique / limites : La curiethérapie HDR en monothérapie est un traitement efficace et peu toxique pour les cancers de prostate de risque faible ou intermédiaire.

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CERVEAU

RInternational Atomic Energy Agency Randomized Phase III Study of Radiation Therapy in Elderly and/or Frail Patients With Newly Diagnosed Glioblastoma Multiforme.

Essai randomisé de phase III de l’Agence internationale de l’Energie Atomique sur la prise en charge initiale par radiothérapie des glioblastomes multiformes nouvellement diagnostiqués chez des patients âgés et/ou fragiles.

Journal of Clinical Oncology, sept 2015

Roa W, Kepka L, Kumar N and al.

Auteur du résumé : Hosni POPOTTE

Contexte : Chez des patients âgés et/ou fragiles pour lesquels un glioblastome multiforme a récemment été diagnostiqué, il apparaît nécessaire des définir des protocoles des traitements courts, s’attachant à maintenir la meilleure qualité de vie possible.

Méthodes : : 98 patients agés et/ou fragiles (Karnofsky performance status [KPS] de 50% à 70% et/ou age ≥ 65 years) ont été inclus entre 2010 et 2013 dans cet essai de non infériorité. Il s’agit d’une étude de phase III multicentrique, internationale, où les patients étaient randomisés de manière prospective en deux bras selon un ratio 1:1. Le bras 1 recevait une schéma « short-course » de 25 Gy en cinq fractions pendant une semaine, et un bras 2 qui recevait le schéma de référence 40Gy en 15 fractions pendant 3 semaines. Les patients étaient stratifiés sur l’âge, le KPS, et l’étendu de la résection chirurgicale.

Résultats : Le bras short-course était non inférieur au bras de référence. La survie médiane était de 7.9 mois (95% CI, 6.3 to 9.6 mois) dans le bras 1 et de 6.4 mois (95% CI, 5.1 to 7.6 mois) dans le bras 2 (p = 0.988). La survie médiane sans progression était de 4.2 mois (95% CI, 2.5 to 5.9 mois) dans le bras 1 et de 4.2 mois (95% CI, 2.6 to 5.7 mois) dans le bras B (p = 0.716). Avec un suivi median de 6.3 mois, il n’a pas été mis en évidence de différence significative de qualité de vie de entre les deux bras au cours des évaluations faites à 4 semaines et 8 semaines après la fin du traitement.

Implication pour la pratique clinique / limites : L’absence de différence mise en évidence du schéma “short course” en terme de survie globale, de survie sans progression et de qualité de vie, par rapport au bras de référence, suggère que ce protocole pourrait être une alternative satisfaisante pour les personnes âgées et/ou fragiles. Il permet notamment de réduire la durée du traitement, et donc d’améliorer le délai de prise en charge ainsi que la survie à l’ensemble du traitement.

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SEIN

Mapping Patterns of Ipsilateral Supraclavicular Nodal Metastases in Breast Cancer: Rethinking the Clinical Target Volume for High-risk Patients.

Cartographie des sites d’envahissement ganglionnaires supra-claviculaires ipsilatérales dans le cancer du sein: Repenser les volumes cibles anatomo-clinique pour les patientes à haut risque.

Int J Radiat Oncol Biol Phys, Aout 2015

Jing H et al

Auteur du résumé : Alexis LEPINOY

Contexte : Décrire les sites d’envahissement ganglionnaire (EG) supra-claviculaires (SCV) chez les patientes atteintes d’un cancer du sein et déterminer où le volume cible anatomo-clinique de radiothérapie (CTV) de cette région pourrait être modifié chez un sous groupe à haut risque.

Méthodes : Cinquante-cinq patientes avec un EG SCV étaient éligibles pour établir une cartographie et permettre une analyse de la couverture des atlas. Tous les EG ont été enregistrés en définissant les régions d’intérêt sur le scanner de simulation reportées ensuite sur le scanner d’un patient standard. Plusieurs CTV basés sur des atlas sélectionnés de délinéation des aires SCV, dont celui du RTOG ont été contourés. Un CTV SCV modifié a été testé pour tenter d’avoir une meilleure couverture des EG et donc théoriquement améliorer la prophylaxie ganglionnaire.

Résultats : Un total de 50 (91%) et 45 (81,8%) patientes avaient un EG dans les sous-régions SCV médiale et latérale, respectivement. En outre, 36 patientes (65,5%) avaient un EG situé à la jonction des veines jugulaire et sous-clavière. La totalité des ganglions étaient couverts dans seulement 25,5% à 41,8% des patientes selon les différents atlas. L'atlas RTOG couvrait l’ensemble des adénopathies chez 25,5% des patientes. Après stratification sur les adénopathies chez toutes les patientes dans leur ensemble, elles étaient couvertes de 49,2% à 81,3%, et à 62,6% par l'atlas du RTOG. Les limites latérales et postérieures étaient les zones les plus omises. La modification des contours en les étendant aux barrières anatomiques naturelles a permis au nouveau CTV de couvrir les EG dans 81,8% des cas et englobe 96,1% de l’ensemble des ganglions.

Implication pour la pratique clinique / limites : Selon la répartition des EG SCV, la délimitation des atlas existants pourrait ne pas être adéquate pour certains sites métastatiques potentiels parmi certains sous groupes. L'extension des limites latérales et postérieures du CTV chez les patientes à haut risque ou en situation de récidive pourrait être une approche raisonnable pour améliorer la couverture. Toutefois, des données supplémentaires dans une population plus homogène avec une maladie localisée sont nécessaires avant d’envisager une application de routine.

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SEIN

Locoregional treatment versus no treatment of the primary tumour in metastatic breast cancer: an open-label randomised controlled trial.

Traitement locorégional versus pas de traitement de la tumeur primitive dans les cancers du sein métastatiques : un essai contrôlé randomisé.

Lancet Oncology, Oct 2015

Rajendra Badwe, Rohini Hawaldar, Nita Nair et al.

Auteur du résumé : Kim CAO

Contexte : Le traitement locorégional de la tumeur primitive dans le cas particulier du cancer du sein d’emblée métastatique (environ 5% des cancers du sein), en complément du traitement systémique (hormonothérapie, chimiothérapie, thérapie ciblée anti-HER2), reste débattu en raison de données rétrospectives contradictoires.

Méthodes : Il s’agissait d’un essai randomisé contrôlé monocentrique. Les patientes éligibles (≤ 65 ans), nouvellement diagnostiquées d’un cancer du sein d’emblée métastatique étaient randomisées dans le groupe « traitement locorégional » (TLR+) (mastectomie ou tumorectomie, avec curage axillaire, suivis d’une irradiation mammaire 45-50 Gy ou de la paroi -45 Gy- ± aires ganglionnaires si indiqué) ou le groupe « pas de traitement locorégional » (TLR-). Les patientes avec cancer du sein RH+ pouvaient bénéficier d’une hormonothérapie. Parmi les patientes présentant une tumeur primitive jugée initialement non résécable, celles chez qui une réponse objective (critères OMS) était observée après 6-8 cycles de chimiothérapie à base d’anthracyclines pouvaient être incluses. La randomisation était centralisée 1 :1. Les critères de stratification étaient les statuts RH et HER2, les sites métastatiques et leur nombre. Le critère de jugement principal était la survie globale (analyse en intention de traiter).

Résultats : Entre Février 2005 et Janvier 2013, 350 patientes ont été incluses (groupe traité : n = 173, groupe non traité : n = 177). 75% des patientes présentaient plus de trois sites métastatiques. Avec un suivi médian de 23 mois [12,2 – 38,7], la survie globale médiane était de 19,2 mois [IC95% 15,98 – 22,46] dans le groupe TLR+ et de 20,5 mois [IC95% 16,96 – 23,98] dans le groupe TLR- (HR 1,04, IC95% 0,81 – 1,34; p = 0,79). Le taux de survie global à 2 ans était respectivement de 41,9% dans le groupe TLR+ et de 43% dans le groupe TLR-. Il n’y avait pas de différence dans les sous-groupes de stratification.

Il s’agit de la première étude prospective randomisée s’intéressant à cette question spécifique en cas de cancer du sein métastatique de novo. Il n’a pas été démontré de bénéfice en survie globale dans cette étude, dans les limites d’un faible effectif et d’un suivi très court. Il s’agissait par ailleurs d’une population sélectionnée (majoritairement avec réponse à la chimiothérapie) et hétérogène en termes d’atteinte métastatique. Le bénéfice en termes de survie du traitement locorégional du cancer du sein primitif en cas de stade IV reste donc à démontrer dans des essais prospectifs incluant des populations plus homogènes, et bénéficiant d’une thérapie systémique adéquate.

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PROSTATE

Predictors of Biochemical Recurrence in pT3b Prostate Cancer After Radical Prostatectomy Without Adjuvant Radiotherapy.

Facteurs prédictifs de récidive biologique des cancers prostatiques pT3b après prostatectomie radicale et sans radiothérapie adjuvante.

Prostate, Oct 2015

M.J. Pagano et al.

Auteur du résumé : Sarah MOLINA

Contexte : Après prostatectomie radicale, les cancers prostatiques pT3b (invasion des vésicules séminales) sont associés à un risque plus élevé de récidive biologique et de mortalité. La radiothérapie adjuvante a montré une amélioration de la survie sans récidive biologique (SSRB), mais son impact sur la survie globale est controversé. De plus, les cancers prostatiques pT3b sont des maladies très hétérogènes avec des taux de récidive variant entre 8 % et 55,8%. Le but de cette étude est d’identifier parmi ce groupe de patients traité par chirurgie seule, des facteurs prédictifs de récidive biologique et donc, des candidats à une radiothérapie adjuvante.

Matériel et méthodes : Cette étude a inclus 180 patients avec cancer pT3bN0-1, traités par PR seule dans le même centre entre 1990 et 2011. La méthode de Kaplan Meier a été utilisée pour estimer la SSRB de l’ensemble de la cohorte et pour l’analyse en sous-groupe (score de Gleason (≤7, 8, 9-10), taux de PSA (≤10 ,10-20, >20), marges chirurgicales et envahissement ganglionnaire). La pertinence du score UCSF-CAPRA (basé sur l’âge, le PSA, le score de Gleason sur les biopsies, le % de biopsies positives et le stade clinique T) a été évaluée par l’analyse des courbes ROC.

Résultats : L’âge médian des patients étaient de 64 ans. En pré-opératoire, 52,8% des patients avaient un cancer de haut risque selon la classification de D’Amico. Après prostatectomie, 41,4% avaient des marges chirurgicales positives (4,1% au niveau du col vésical) et 12,2% des patients avaient un envahissement ganglionnaire. Le suivi médian des patients étaient de 26 mois ; avec un suivi médian des non-récidivants de 66 mois (39-106). La SSRB à 2 ans et à 5 ans étaient respectivement de 56,1% et de 39,5%. En analyse multivariée de l’ensemble de la cohorte, un PSA entre 10 et 20 versus ≤10 (HR=1.63 P=0,047) et des marges chirurgicales positives au niveau du col vésical (HR=7.01, P=0,035) étaient des facteurs prédictifs de récidive biologique. L’analyse en sous-groupe de Kaplan-Meier a montré qu’un score de Gleason à 9-10, un PSA>20, des marges chirurgicales envahies et le statut N1 étaient associées à des cancers plus agressifs avec un taux de récidive biologique plus élevé. L’analyse des aires sous la courbe pour la prédiction de récidive biologique du score CAPRA était de 0,713 à 2 ans et 0,641 à 5 ans.

Implication pour la pratique clinique / limites : Pour les cancers prostatiques pT3b, le score de CAPRA semble insuffisant pour prédire la récidive et une radiothérapie adjuvante pourrait être réalisée si le score de Gleason est de 9-10, le PSA>10ng/mL, s’il existe un envahissement ganglionnaire et si les marges chirurgicales sont positives, notamment au niveau du col vésical. Ceci nécessite d’être confirmé par des études prospectives.

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La veille bibliographique de la SFjRO est rendue possible par le soutien des laboratoires Janssen
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